Ce n'est pas un Ajq'ij...

Ce n'est pas un Ajq'ij

Référé par : <sten.maclow@gmail.com>

« No se puede enseñar nada a un hombre; Sólo se le puede ayudar a encontrar la respuesta dentro de sí mismo. » (Galileo Galilei)

Les Ajq'ij guident certains, alors que d'autres se guident eux-mêmes, sans boussole, sans télescope, sans compas, sans horloge et sans calendrier.

Eux n'ont rien à déclarer rien à démontrer ni rien à prouver.

« /Cuando tengas que elegir, elige un camino con corazón, porque quien elige un camino con corazón no se equivoca nunca.» /*Popol Vuh*

Si vous insistez pour savoir lequel des calendriers obéit le mieux à l'esprit maya, l'ancien, le new-age ou le galactique, ils vous répondront peut-être : "Mais que vous importe le temps ? Avez-vous un problème avec le temps ?"

Avec humour, ils ajouteront peut-être que les Occidentaux ont presque tous le "temps" qui avance vite avec une petite aiguille et une grande au poignet, mais jamais le temps... Les gens cherchent du temps, courent après le temps et perdent beaucoup de temps en discussions stériles dans la dualité sur des outils extérieurs. Pour eux, le calendrier du peuple maya n'est pas réel ni source de vie, comme l'est le Soleil !

"Le calendrier du peuple Maya est réel et c’est une véritable tradition,

que nous suivons et continuerons de suivre car c'est par cela que

nous sommes vivants !"

Vraiment ? Un calendrier vous garde vivants ! Sans calendrier, point de salut ? Ce sont des sornettes que ces croyances mystico-religieuses. Suivez-le, suivez celui que vous voulez, le plus précis selon vous, continuez de le suivre, si cela vous enchante de vous en remettre à un outil extérieur. Les autres règnes évoluent et vivent très bien sans calendrier.

Détruisez tout, brûlez tout, saccagez tout ! Vous ne causerez toujours de préjudices qu'à vous-mêmes.

Nous demeurons impassibles, avec une vision neutre, puisque tout le Savoir est intérieur.

Dans le Yucatan, ce n'est pas un Ajq'ij, ni un chaman connu et reconnu, qui m'aura confrontée à mes croyances et mes illusions sur le temps, mais ce que vous pourriez qualifier de vieil iconoclaste dérangeant, le genre qui maîtrise l'art de vous déstabiliser complètement et de vous faire sortir de vos gonds ! Sans cérémonie ni rituel !

Invisible dans la foule, libre comme le vent, évoluant à l'extérieur de la spirale spatiotemporelle, s'il se présente sur votre chemin, ne vous attendez pas à une expérience agréable ou sensationnelle. Vous aurez peut-être même envie de l'étrangler !

Il se peut qu'il use de supercherie, car il est dégagé du système duel, des notions de bien et de mal, en vous conviant à une belle cérémonie traditionnelle autour d'un feu sacré en un lieu donné et à une heure convenue.

Vous vous rendrez et vous vous retrouverez seul en un lieu désert. Et il vous fera patienter.

Il y a de fortes chances que lorsqu'il daignera enfin se manifester, il vous trouve dans un état très peu serein ! Il n'y a pas de cérémonie et il est en retard !

Imperturbable, il vous observera d'un oeil amusé, ce qui risque d'attiser votre colère. Vos insultes glisseront sur son dos comme l'eau sur les plumes d'un cygne.

Il vous assénera un incontournable "Regarde-toi ! Coureur de mythes et de légendes en quête de mysticisme, d'archétypes idéalisés et survalorisés, de chimères, vociférant et tapant du pied sur la Pacha Mama, parce que tes attentes sont déçues ! As-tu besoin d'un miroir pour te voir ? "
"Tu projettes sur moi ta propre impuissance, ton propre manque de vigilance et de discernement ! Ce n'est pas moi qui t'ai joué un tour, mais ton ego ! Tu as un problème avec le temps ? Le temps n'existe pas... Il n'y a que l'éternel instant. As-tu peur du silence ? As-tu peur d'être seul ? Tu t'es laissée abuser par de belles paroles, parce que tu as négligé d'écouter ta voix intérieure. Tu évolues dans le champ de l'extériorité, des apparences et des mirages ! Tu te laisses guider par ton mental ! Regarde à l'intérieur de toi... Écoute ! Pas moi ni d'autres voix extérieures. Le Savoir est en soi ! Tout est en soi ! Ici ou ailleurs, c'est pareil ! "

J'ai aussi eu droit à un voyage en camionnette. Je me suis retrouvée à plus de 50 kilomètres de toute civilisation, au coeur du désert de San Luis, où les journées sont torrides et les nuits, glaciales... La camionnette est repartie et n'est pas revenue trois jours plus tard... Je suis sortie du désert à pied. Quel autre choix avais-je ? Aucun autre. Je prenais un avion le lendemain soir à Mexico pour revenir à Montréal...

Quand je suis revenue à Montréal, en hiver, dans le cadre de la Fête des Neiges, des Amérindiens campaient sur l'Île Sainte-Hélène. Une attraction pour les Montréalais et les visiteurs. Une belle occasion de s'initier aux us et coutumes des autochtones. À mon arrivée, les gens étaient presque tous regroupés autour du "grand chef" impressionnant, vêtu de ses habits traditionnels, peau de cerf damassée de broderies, panachée de plumes, hochet, pipe sacrée... ou du "chaman".

J'ai vu un vieil Amérindien, un peu en retrait, vêtu d'une épaisse chemise de chasse à carreaux et chaussé de bottines de construction. Il observait la scène d'un oeil amusé. Les gens passaient devant lui sans le voir. Je me suis avancée vers lui et je lui ai dit : "Je reviens du désert et je serais honorée d'échanger avec vous, si vous le voulez bien." Il m'a fait pénétrer dans sa tente où il y avait un petit poêle à bois et du sapinage au sol. Il m'a dit : "Les gens ne veulent pas d'entretien avec moi, ni ne demandent jamais à pénétrer dans ma tente, qui ne contient rien d'intéressant. Curieux, ils jettent un bref regard et s'éloignent. Ils attendent tous pour voir le grand chef ou le chaman. Que penses-tu de cela ?"

Je lui ai répondu : " C'est aussi ce que je cherchais au Mexique, où j'ai fait de nombreux séjours, mais ce n'est pas ce que j'ai trouvé sur mon chemin ! Que des épreuves ! J'ai appris à voir au-delà des apparences par la force des choses. Pour répondre à votre question... Je pense que la personne impressionnée est semblable à un chevreuil aveuglé par les phares d'une automobile sur l'autoroute. L'animal aveuglé fige et risque de se faire frapper !" Il a trouvé mon analogie très comique.

Quand je suis ressortie de la tente, quelques heures plus tard, le jour commençait à décliner. Les deux principales attractions de la journée se sont avancées vers moi, ont incliné la tête et m'ont posé la question suivante : "Comment a été votre entretien avec le chaman ? Il n'est pas commode..." J'ai répondu : "Excellent ! Il est très drôle !" Le vieux est sorti de sa tente et m'a dit en rigolant : "Ce sont encore des chevreuils, ils attirent des chevreuils et ils ont peur de moi !"

In Lakech !

Louise-Marie