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Quête de Spiritualité personnelle vers l'Ascension...

Colère...

roman initiatique:...à mettre dans toutes les mains!
Colère

"La femme peut initier l’homme qui ne craint pas la sauvagerie qu’elle dégage"



Référé par : lady_jeane@hotmail.com

Philosophe thérapeute, il fait une distinction entre le « pouvoir sur » et le « pouvoir de » et il revendique sa vulnérabilité comme une composante de son masculin. À travers le héros de son roman, Colère, il exprime son attirance et sa répulsion pour ce que la femme a d’archaïque et de sauvage. La relation de couple lui paraît initiatique, expérience de fusion et de solitude acceptée, désir d’être soi-même, de se créer. L’humain semble en colère contre son incarnation et l’esprit de domination vient de la répression de l’énergie créatrice d’un être. Il se vit ouvert à la sagesse de sa sensibilité incarnant bien la sensibilité contemporaine.

Nouvelles Clés : Comment est né votre livre, "Colère", ce thriller écologique ?

Denis Marquet : L’idée du livre m’est venue lors d’une scène que j’ai réellement vécue, et que je raconte au premier chapitre. J’étais sur une plage, en train de contempler la mer, dans un état de communion avec la nature. Soudain, trois jeunes ont surgi sur des jet-skis. Ils faisaient un bruit épouvantable et, outre le désagrément, ce qui m’a frappé, c’est leur rapport à la nature. Pour eux, la mer était une autoroute, un simple terrain de jeu. Ils n’avaient pas ce rapport à la mer qu’ont les vrais marins, qui la respectent comme un élément sacré, transcendant. Au contraire, sur leurs machines, ils se sentaient tout-puissants. Je crois que cela représente bien le rapport à la nature de l’humanité tout entière. Nous considérons la nature comme un ensemble d’objets inertes, à la disposition de notre toutepuissance. Nous ne nous sentons plus partie intégrante d’une totalité qui nous dépasse, avec laquelle est possible une relation d’intimité. Les conséquences personnelles et collectives de cet état de choses s’avèrent désastreuses.

N. C. : Comment définissez-vous cette « toute-puissance » ?

D. M. : Comme une forme d’infantilisme lié à un fantasme de régression dans le ventre maternel - lieu où nous sommes réellement tout-puissants puisque étant nourris en continu, il n’y a pas de distance entre notre désir et sa satisfaction. Il n’y a pas de manque. Nous avons la nostalgie de cet état-là, et voudrions réduire à rien l’espace entre l’état de manque et l’état de plénitude. Or cet espace est la vie elle-même ! Le fantasme de toutepuissance est la définition même du mental. Il nous éloigne de notre véritable fécondité et nous condamne, finalement, à l’impuissance. La véritable puissance, en revanche, est positive. C’est la capacité d’accomplir l’être que nous sommes dans la réalité.

N. C. : Beaucoup d’hommes eux aspirent à être puissants, au point qu’on les voit courir comme des loups après le pouvoir... Mais, d’après ce que vous dites, il semblerait qu’il y ait une distinction à faire entre le « pouvoir sur » et « le pouvoir de » ?

D. M. : Oui. La toute-puissance aspire au « pouvoir sur », c’est-à-dire à la domination. Nous cherchons, par des stratégies de contrôle, à neutraliser ce qui en autrui nous échappe - ce qui exprime en fait une réelle impuissance : celle de rencontrer l’autre. Le « pouvoir de », c’est au contraire la capacité d’agir, c’est-à-dire d’exprimer qui on est de manière créative. C’est une lutte et un jeu constant avec soi-même, qui nous invite à accepter nos propres limites et celles des autres, à renoncer au désir d’avoir du « pouvoir sur » et à nous ouvrir à ce que la vie a de plus mystérieux. Une aventure qui ne va pas sans peur !

N. C. : Ce qui nous échappe nous fait peur... Êtes-vous un homme qui sait dire « oui » à ses propres peurs ?

D. M. :
J’y travaille ! (Rire) Pour moi, vivre un masculin authentique réside dans l’acceptation de ma vulnérabilité d’homme. Je sens que ma force virile augmente dès l’instant où je m’autorise à aller vers ce qui me fait peur. La caricature habituelle de la virilité est l’image d’un homme hyper-protégé, carapaçonné, qui en réalité fuit sa fragilité et cherche à dominer les autres pour neutraliser leur altérité. Mais la véritable puissance, au contraire, c’est d’aller vers l’autre.

N. C. : Dans votre ouvrage, l’héroïne est une femme, c’est elle qui détient les clés de la sauvegarde de la planète. Pourquoi ?

D. M.
: Considérer la Terre comme un objet inerte et croire qu’on peut vivre en étant séparé de la nature, en la manipulant selon ses objectifs mentaux, c’est davantage le fait d’une polarité masculine (d’ailleurs mal vécue) que féminine. La femme a plus de facilité à prendre une conscience charnelle de l’essence de la vie. Elle est plus proche des cycles naturels. Si elle vit sa féminité, elle est davantage en prise avec les forces de la nature. Celles-ci effraient la plupart des hommes. C’est sans doute pourquoi ils imposent à la féminité une telle répression.

N. C. : Greg, votre héros, témoigne de ce qu’il ressent vis-à-vis de la sexualité féminine. Il dit à un moment qu’il a peur de s’y noyer. C’est votre expérience ?

D. M. :
Comme beaucoup d’hommes, j’ai d’abord vécu une sexualité qui correspond à la représentation mentale culturellement dominante, où l’on traite soi-même et l’autre en objets. Aujourd’hui, je découvre une sexualité qui me permet d’entrer dans un univers qui est de l’ordre du mystère.

Quand Greg fait l’amour avec Mary, qu’il retrouve profondément transformée, il ressent quelque chose qu’il n’a jamais éprouvé auparavant. Il s’éveille à une dimension sublime et obscure de la sexualité. Cette révélation survient après que Mary a eu une expérience d’éveil spirituel. Ce n’est pas un hasard car, désormais, Mary ne se protège plus contre sa propre puissance de femme.

Les représentations traditionnelles de Kali, souvent très effrayantes, sont des images de puissance féminine indomptée, ambivalente, à la fois dangereuse pour la femme elle-même et terrorisante pour l’homme. Si la femme apprivoise ces forces profondes, si l’homme apprend à les accueillir (ce qui suppose d’accepter l’expérience de la peur en même temps que celle du désir), elles deviennent alors source de véritable mutation pour les deux partenaires. Dans sa relation avec une femme, l’homme se sent confronté en permanence à une contradiction : il est à la fois attiré et répulsé par ce qu’il ressent de mystérieusement sauvage et archaïque chez la femme. Il voudrait domestiquer ce mystère pour qu’il cesse de lui faire peur mais, ce faisant, il le réprime, et se prive ainsi de ce qu’il désire le plus !

En tant qu’homme, je ressens chez la femme cette force sauvage, indomptable, ce « tout-autre » que je ne suis pas, que je ne possède pas et que je ne peux posséder. C’est fascinant. Je crois que lorsqu’on fait vraiment l’expérience du désir, on fait en même temps l’expérience de la peur. Là réside l’intensité de la vie.

N. C. : Greg accepte de se laisser initier par Mary. Je vous avoue que cette relation me donne envie de rencontrer un homme de si bonne volonté !

D. M. :
Les femmes peuvent devenir des initiatrices pour les hommes à condition que ceux-ci leur ouvrent un espace, qu’ils accueillent l’étrangeté et le mystère de la femme, et se laissent affecter, transformer par elle. Mais de leur côté, les femmes doivent s’autoriser à se vivre en dehors du regard de l’homme. Être elles-mêmes, indépendamment des codes sociaux fabriqués par les hommes pour contrôler cette féminité qui les terrifie. Cela non plus ne va pas sans peur. Car le risque, c’est de déclencher une réaction de rejet, voire la violence masculine. Par ailleurs, les femmes ont développé des compensations au pouvoir dominant des hommes, par exemple des formes subtiles de pouvoir sur leurs enfants, ou sur leur compagnon... Tout un ensemble de comportements qui stérilisent l’autre autant que soi-même. Il y a une difficulté à lâcher cela.

Pour libérer les forces féminines, il faut une collaboration de l’homme et de la femme - c’est-à-dire de l’amour. Mais l’amour authentique est le fruit d’une longue évolution ! À la base, l’amour entre Mary et Greg est un amour fusionnel. Puis Mary part en Amazonie. Elle a besoin de s’éloigner pour aller vers elle-même, et se libérer. Elle revient vers lui après son expérience d’éveil. Le paradoxe est qu’alors, pour aider Greg, Mary doit cesser de vouloir l’aider. Pour un temps, elle a le courage d’abandonner Greg à ses pires terreurs, elle renonce à jouer un rôle maternant. Elle le laisse seul, face à ses peurs et à ses faiblesses, face à son mystère. Et en même temps, en tant qu’initiatrice, elle sait lui donner une image suffisamment forte de lui-même pour qu’il traverse l’épreuve.

N. C. : Y a-t-il des étapes obligées dans un couple ? Des lois ?

D. M. :
Je pense qu’il y a des étapes à franchir, mais pas de lois. Il n’y a pas de constantes.

La traversée de la solitude est une étape importante. Dans les premières années d’une vie de couple, on traverse tout d’abord une phase fusionnelle où l’on sent que l’on fait un avec l’autre, d’une matière telle qu’on n’est plus seul avec soi. On découvre en l’autre quelqu’un qui peut nous protéger de la peur de la solitude. Plus tard, on s’aperçoit que l’autre ne peut pas réellement nous épargner l’expérience de la solitude, parce qu’elle est liée à notre nature même d’être humain. À ce moment-là, soit on renonce à la relation, et on cherche illusoirement une autre personne pour tenir ce rôle, soit on accepte la solitude existentielle. On entre alors, avec l’autre, dans une phase de distinction.
N. C. : À quoi expose le refus de faire l’expérience de la solitude ?

D. M. :
Le prix à payer est que l’on ne rencontre pas sa propre singularité. La formulation négative de la solitude serait : « Je suis seul à vivre ma vie. » La formulation positive dirait : « Mon expérience de la vie est parfaitement singulière et unique. » Exprimer le caractère unique et singulier de son expérience de la vie, cela s’appelle créer.

Ce désir d’être soi-même, c’est-à-dire créateur, détruit paradoxalement beaucoup de couples, car il implique la traversée de la solitude. La manifestation de ce désir est une étape initiatique pour la relation. Dans certains couples, inconsciemment mais d’un commun accord, chacun réprime son vrai désir pour épargner à l’autre cette épreuve. D’autres couples ne résistent pas à l’émergence du vrai désir, parce que l’un ou l’autre, ou les deux, ne peuvent renoncer à la phase fusionnelle.

N. C. : Quelle est votre relation avec la nature ?

D. M. :
C’est une expérience de relation et de désir, de désir de relation. Aujourd’hui, c’est une expérience dont j’ai la nostalgie, car elle est contrecarrée par mes modes de vie. Longtemps, la vie citadine m’a coupé de cette relation sensorielle, d’une richesse extrême : savoir toucher, contempler visuellement, écouter, regarder des paysages, des arbres, des fleurs, et ressentir tout cela. Depuis quelques années, je réapprends à faire de la place à cette relation dans ma conscience. Quels que soient mes soucis et mes préoccupations, mon travail, mes objectifs et mes passions, je veux qu’il y ait de la place pour un arbre en fleur, pour le ciel ou pour le rire d’un enfant. J’ouvre mon champ de conscience.

N. C. : Cela vous demande-t-il un acte de vigilance, ou cela fait-il partie de vous-même désormais ?

D. M. :
De la vigilance, mais surtout pas au sens d’un contrôle : c’est juste un désir qui s’accomplit. C’est une jouissance. Ça me demande un acte de présence quand je suis un peu endormi, ou identifié à mes préoccupations du moment, et que la place ne se fait plus dans ma conscience pour accueillir la vie telle qu’elle est. Mais c’est avant tout un rendez-vous de plaisir.

N. C. : Avez-vous été un homme révolté ?

D. M. :
J’ai une tendance à être révolté d’une manière générale ; le monde tel qu’il est, la marche du monde, les décisions qui sont prises collectivement suscitent en moi une colère, non pas réctionnelle, mais l’énergie d’un désir, le désir de faire entendre ma voix, d’agir, de parler.

L’acte d’écrire est mon moyen d’expression pour dire ma colère, je me sens mu par une énergie forte, parfois douloureuse. J’ai du mal à comprendre comment, aujoud’hui, on peut ne pas être en colère...

Nous prenons des décisions individuelles et collectives sur la base d’une anesthésie générale, d’un refus d’être conscient, d’être vivant. Et les conséquences, évidemment, sont catastrophiques. Exemple : l’écologie - et malheureusement, il n’y a pas que ça....

N. C. : Et si un ado vous disait : « C’est vrai, tu as raison... Mais qu’est-ce qu’on peut faire ? »

D. M. :
Je lui dirais : « Le monde a besoin de toi, de ce que tu es, le monde a besoin que tu l’exprimes et que tu le manisfestes, même si ça ne correspond pas aux attentes de ton entourage, même si ça ne correspond pas à ce qui est socialement acceptable. » Les plus puissantes énergies destructices (contre l’autre, contre la nature...) proviennent de la négation de la singularité de chaque être. Quand quelqu’un n’a pas pu exprimer l’être qu’il est, il y a une violence qui agit à travers lui... L’esprit de profit et de domination est souvent la conséquence de la répression des énergies créatrices...
Denis Marquet

Colère

La Terre. Exploitée, martyrisée, défigurée. La Terre se révolte. Séismes, raz de marée, ouragans, éruptions volcaniques, virus foudroyants... Devant une série de cataclysmes sans précédents, les scientifiques du monde entier sont sans réponses. Une femme, elle, a compris. Parce qu'elle a su payer le prix. Mais le monde est-il prêt à écouter une femme ? Colère. un thriller à la puissance 10. Un roman initiatique qui résonne comme un dernier avertissement : et si le compte à rebours avait déjà commencé ?

Denis Marquet, normalien et agrégé de philo, remet en question toutes les théories scientifiques, dans un roman cauchemardesque sur l'avenir de l'humanité. À la fois thriller ésotérique, roman apocalyptique et roman d'anticipation, voici un récit écologique de grande qualité. Le dysfonctionnement climatique d’une Terre qui se rebelle contre l’homme, son principal prédateur. Ce thème ne présente rien de très nouveau, mais c’est un roman à suspense mené avec imagination, qui entrecroisent une documentation scientifique impressionnante, une touche de spiritualité, un brin de morale et beaucoup d’amour. Marquet navigue subtilement sur les angoisses et interrogations de notre temps. Son roman apocalyptique sert une véritable mise en garde contre les abus de la nature par l'homme et un vibrant appel à l’humilité.

Pascale Arguedas

La dédicace de l’auteur :

Colère est né d'un moment de ma vie, qui est devenu un passage du livre. Une plage, sous les tropiques. Je suis à moitié dans l'eau, je laisse le rythme des vagues guider mes pas. La mer est belle. Soudain, un vacarme de moteurs. Trois jets-skis sont apparus. Trois jeunes hommes, qui se sentent visiblement tout-puissants, sur cette eau qu'ils sillonnent comme s'il s'agissait d'une autoroute. Ils me mettent en colère. Ils n'ont rien compris. La mer est une étendue sacrée, imprévisible, dangereuse. Tous les vrais marins le savent. Il faut la connaître, et la respecter. Ce n'est pas un objet que l'on peut dominer. Je me prends à rêver. Si l'océan révélait soudain sa nature véritable ? S'il rappelait au dérisoire orgueil de ces pauvres en conscience leur incroyable fragilité face à l'élément ? En les engloutissant par exemple... Et le bruit cesserait. La paix reviendrait. Puis cette idée, qui me fait frissonner. Ne sont-ils pas la métaphore exacte de nous tous, frères humains, unis dans la même outrecuidante incompréhension de la Nature, et de notre nature ? Et celle-ci n'a-t-elle pas commencé, déjà, - modifications du climat, maladies émergentes - de nous rappeler que nous ne sommes pas des dieux ? Alors, en exagérant un peu, ne pourrait-on pas imaginer que... Colère est né. Mais est-ce tellement exagéré ?
 (Denis Marquet)
 


 
d Ambre
 
 
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