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Quête de Spiritualité personnelle vers l'Ascension...

EFFONDREMENT GLOBAL OU AVANCEMENT COLLECTIF...

 

EFFONDREMENT GLOBAL OU AVANCEMENT COLLECTIF
par
ERVIN LASZLO ET JUDE CURRIVAN

Extraits de leur livre COSMOS - Guide de cocréation du Monde-Entier, p. 183-198
Ariane Éditions, 2008

 

 

 

Référé par : http://www.eveildelaconscience.ca/laszlo183198.htm

Que signifie pour nous, dans notre relation générale avec le monde en cette époque très difficile, la vision émergente de la réalité intégrale et de nous-mêmes comme cocréateurs?

Les civilisations amérindiennes, comme tous les peuples primitifs, vénèrent la Nature et conçoivent l'humanité comme cocréatrice au sein d'une vaste toile de vie. À l'instar des créatures qui partagent la Terre avec nous, celle-ci est vue et vécue comme un être vivant à vénérer et avec qui vivre en harmonie. Cette intention s'exprime par une prière traditionnelle de bénédiction adressée à "toutes nos relations".

Par contraste, la Révolution industrielle du dix-huitième et du dix-neuvième siècle semblait, à l'époque, une idée plus réaliste. En fait, elle est survenue graduellement alors que les entrepreneurs et les inventeurs tentaient de résoudre des problèmes et de réagir à des situations ou d'en créer d'autres au moment où se produisait un énorme changement culturel qui, comme une marée, engloutissait tout sur son passage. Des croyances religieuses aux structures sociales, les idées sur l'univers et sur notre place dans celui-ci furent ébranlées alors que naissait ce qu'on a appelé l'âge de la Raison. Alors que la nouvelle vision du monde mûrissait, on en vint à considérer l'humanité comme le pinacle de la création et la science comme l'orthodoxie émergente, selon laquelle l'ingénuité humaine pouvait - on considérait même qu'elle en avait le droit - apprivoiser et contrôler une Nature séparée, passive et pleine de ressources illimitées.

Malgré leur habileté et leur utilité à court terme, les méthodes scientifiques de cette révolution étaient profondément limitées et, finalement, dangereuses. En concevant le monde comme un simple décor mécanique pour l'activité humaine et comme un fonds de ressources à piller, les technologies et les industries nous ont séparés de la Terre et des autres créatures. À un rythme qui croît toujours, le système de production issu de cette approche continue à dépouiller la Terre de ses ressources naturelles, à détruire ses écosystèmes et à répandre d'énormes quantités de substances toxiques dans l'atmosphère, dans les océans et dans le sol. Le système économique qui lui est associé persiste obstinément dans la vision d'une planète aux ressources illimitées. Non seulement il accepte d'énormes quantités de déchets en présumant à tort que les ressources sont illimitées, mais il en produit industriellement. En comptant économiquement la pollution et le matériel de guerre comme des contributions viables aux activités nationales, il supporte des cycles vicieux, plutôt que vertueux, de développement et de comportement dans les sociétés contemporaines.

Le point de bascule de Gaia

Quand, au cours des années soixante-dix, James Lovelock et Lynn Margulis ont mis de l'avant l'idée que la Terre était une entité vivante et autorégulante, ils ont été ridiculisés et attaqués. Appelée l'hypothèse Gaïa, d'après la déesse grecque de la Terre, leur théorie, après trente années de recherche scientifique subséquente, a démontré les relations profondément interdépendantes et coévolutives existant entre les organismes biologiques et les paysages, l'atmosphère et l'eau de la planète. Gaïa n'est pas passive; elle est partenaire coévolutive de la vie qu'elle supporte. Ses ressources ne sont pas illimitées quand on les pille de la façon dont notre population globale en développement vorace continue à le faire. Les dangereux bouleversements climatiques et l'imminence d'un point de bascule environnemental sont là et pourtant nous nous éveillons à peine de ce que George Monbiot appelle notre "déni collectif" de sa réalité, de son échelle et de son immédiateté.

Comme nous l'avons vu plus haut, les systèmes complexes comme la biosphère sont dans un état critique, constamment à la limite de l'ordre et du chaos. À l'intérieur d'un certain éventail de variables, ces systèmes peuvent s'adapter et évoluer, comme Gaïa l'a fait durant quatre milliards d'années, toujours capable de maintenir un environnement durable pour l'évolution de la vie. Malgré l'occurrence, au cours des cinq derniers millions d'années, de cinq événements catastrophiques connus dont chacun a détruit les formes de vie dominantes, l'abondance de la Nature a permis à de nouvelles espèces de se développer et d'obtenir à leur tour la domination.

Nous vivons maintenant à une époque cruciale où nous nous trouvons encore une fois à un point de bascule, au seuil d'une calamité globale. Cette fois, cependant, nous en sommes la principale cause et, comme plusieurs autres espèces, il se peut que nous soyons balayés de la surface de la planète.

Les bouleversements climatiques

L'aspect le plus visible, mais non nécessairement le plus dangereux, de la menace d'un effondrement global est le niveau croissant des changements climatiques. L'appellation de "réchauffement global" suggère une altération graduelle et gérable de notre environnement que ceux qui vivent dans les régions tempérées pourraient même considérer comme bénéfique. Cependant, comme le sait quiconque étudie les systèmes complexes, ces changements sont imprévisibles, non linéaires et souvent catastrophiques, le scénario le plus vraisemblable étant les événements climatiques extrêmes de plus en plus fréquents qui nous voyons déjà survenir dans plusieurs parties du monde.

Il n'y a pas de réaction "typique" au point de bascule de Gaïa; les processus qui y conduisent sont interdépendants, complexes et non spécifiquement prévisibles. Les modèles climatiques et les prévisions météorologiques sont généralement inaptes à composer avec une telle complexité et ses changements imprévisibles. Ils offrent des tendances que l'on établit comme des moyennes plutôt que la réalité de changements soudains, cataclysmiques et irréversibles.

En 2007, un groupe consensuel de plus de six cents climatologues, sous les auspices du Panel intergouvernemental sur le changement climatique (PICC) des Nations unies, a publié un rapport pessimiste prédisant des changements globaux dramatiques à court terme et à moyen terme dans la température et dans le niveau de la mer. Malgré le sérieux de ses prévisions, ce rapport n'incluait que des preuves considérées comme irréfutables et obtenues à partir de modèles excluant les plus extrêmes et pourtant les plus probables variations du climat global. Ce que le rapport n'incluait pas - comme danger significatif, mais impossible à prévoir - est encore plus menaçant. Un élément de cette menace imprévisible concerne les vastes réservoirs de méthane qui résident congelés dans le permafrost de la Sibérie ou emprisonnés sous des sédiments glacés sur le sol de la mer des pôles aux tropiques.

On possède la preuve géologique que, par le passé, alors que la température de l'atmosphère et des océans avait augmenté, des réserves de méthane ont été libérées catastrophiquement en d'énormes émissions gazeuses. On croit maintenant qu'un événement désastreux de ce genre s'est produit il y a environ huit mille ans dans un dépôt de méthane au large de la Norvège, ce qui a causé un énorme tsunami dont les plus hautes vagues mesuraient vingt mètres de hauteur et qui a inondé l'Ecosse actuelle et la côte orientale de la Grande-Bretagne. Ce dépôt existe toujours. Non seulement ce méthane emprisonné est-il potentiellement cataclysmique en lui-même, mais la libération de grandes quantités de méthane augmenterait aussi considérablement la température de l'atmosphère.

Il existe également des preuves croissantes et inquiétantes que le changement climatique, particulièrement son impact sur le niveau de la mer et sur les couches de glace, affecte la fréquence et l'échelle des tremblements de terre, des glissements de terrain sous-marins et des éruptions volcaniques. Cela est dû aux variations de pression sur la croûte terrestre causées par le chargement et le déchargement de l'eau et de la glace, qui peuvent parfois déclencher des événements géologiques soudains et désastreux, comme à la fin du dernier âge glaciaire. Le changement des schèmes pluviaux suscité par le bouleversement climatique pourrait rendre improductives en nourriture de vastes régions de la Terre qui sont présentement productives, les rendant arides et semi-désertiques, de sorte que rien ne pourrait plus y pousser ni y être cultivé.

Décembre 2007, où a eu lieu dans l'île de Bali le congrès sur le changement climatique, constitue une date marquante pour la reconnaissance de la réalité de ce changement global. La "carte routière" de Bali - un cadre de travail de deux ans pour la négociation globale - a reconnu que la preuve d'un réchauffement global est "catégorique" et que tout délai dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre augmente le risque de "sévères impacts de changements climatiques". Même si la délégation américaine continuait à manifester de la réticence à accepter le coût économique et les conséquences de la réduction des émissions, aucun pays du monde ne pourrait contester plus longtemps que le changement climatique est bien réel, qu'il est potentiellement dangereux et qu'il faut pour le combattre des mesures coordonnées nationalement et globalement.

Il reste à voir si ces mesures concertées et coordonnées qui sont requises seront réellement appliquées, et à temps, non seulement par les gouvernements, mais aussi par les compagnies commerciales et par une masse critique de citoyens.

Les extinctions

L'apparition du changement climatique avec des extrêmes de plus en plus prononcés n'est pas le seul indicateur d'un effondrement imminent. En 2006, un rapport des Nations unies affirmait que, en raison de l'augmentation de la population et du développement, les humains étaient directement responsables du taux d'extinction des animaux et des plantes, mille fois plus élevé qu'à aucun autre moment de l'histoire. Comme le soulignait le rapport: "En effet, nous sommes actuellement responsables du sixième événement majeur d'extinction de toute l'histoire de la Terre et du plus important depuis la disparition des dinosaures, il y a 65 millions d'années."

La biosphère de la Terre est une toile de vie complexe où chaque être vivant possède sa niche et contribue à l'ensemble d'une façon que nous ne faisons que commencer à entrevoir. Ainsi, la perte de toute espèce, fût-elle petite, pourrait avoir pour résultat la conflagration non linéaire de tout un écosystème. Plusieurs grands animaux sont en voie d'extinction alors que leurs habitats sont détruits. En août 2007, le premier grand mammifère en plus de cinquante ans fut déclaré éteint: le dauphin du fleuve Yangtsé fut plongé dans la non-existence en raison de la pollution et de pratiques de pêche abusives et arbitraires qui l'ont décimé. La Liste rouge publiée par l'Union mondiale pour la conservation comporte plus de 16,000 espèces au seuil de l'extinction.

L'énorme augmentation de la vie urbaine partout dans le monde au cours des dernières années nous a séparés de plus en plus de la Nature. Pour plusieurs d'entre nous, le sauvetage des autres espèces et de leurs écosystèmes se trouve donc très bas sur la liste de nos priorités. Pourtant, l'indifférence continuelle à l'égard de l'équilibre complexe des écosystèmes - et des effets de leur dégradation sur le plan de l'érosion du sol, du recyclage du carbone et de la pollinisation des récoltes - cause déjà une dévastation étendue et irréversible autant dans le monde en développement que dans le monde industrialisé.

L'épuisement des ressources

Un autre indice d'un effondrement potentiel est l'épuisement des ressources minérales de la planète - ce qui était jusqu'ici une possibilité impensable - , dû au rythme précipité du développement global.

Les réserves terrestres à base de carbone - principalement le charbon, le pétrole et le gaz naturel - ont mis des centaines de millions d'années à s'accumuler et pourtant les analystes du secteur de l'énergie considèrent qu'il reste maintenant moins de la moitié des réserves de pétrole et de gaz. Selon eux, si la production de pétrole n'a pas déjà atteint son maximum, elle l'atteindra dans un très proche avenir et elle déclinera ensuite rapidement. Même si la demande globale restait stable, cette perspective est alarmante et requiert un investissement massif dans des technologies de rechange. La situation est aggravée davantage par les augmentations prévues de la demande, dues à l'énorme croissance de l'industrialisation globale, particulièrement dans les pays en développement qui sont très peuplés, comme le Brésil, la Chine et l'Inde.

Les carburants fossiles ont alimenté une grande partie de l'industrie globale et leurs émissions ont largement contribué au changement climatique. Il faut produire de toute urgence des formes d'énergie durables. Les réserves de charbon, le carburant fossile le plus sale de tous pour l'environnement, sont relativement abondantes et, compte tenu de la tendance actuelle, elles semblent pouvoir durer encore plus d'un siècle. Cependant, la combustion globale du charbon compte déjà pour 25 % des émissions de dioxyde de carbone. Alors que la Chine construit en moyenne deux centrales alimentées au charbon par année, que l'Inde projette d'en construire dix par an au cours de la prochaine décennie et que les compagnies américaines cherchent à obtenir l'approbation pour en construire cent cinquante de plus, les groupes environnementalistes sonnent l'alarme sur une course au désastre irréversible.

Près de quarante pays projettent de construire au cours des cinq prochaines années d'autres centrales alimentées au charbon, alors que la production de ce combustible atteindra vraisemblablement un sommet au cours du prochain quart de siècle. Cette "ruée vers le charbon ", mue par la haute profitabilité de la production d'énergie électrique basée sur ce carburant, est devenue une menace globale.

Le grand espoir des capitaux investis dans l'industrie des centrales à charbon réside dans le "charbon propre ". On a foi en la capture et la séquestration du carbone (CSC), une méthode de stockage sûre grâce à laquelle on projette d'enfouir profondément dans le sol des trillions de tonnes de dioxyde de carbone. Les défenseurs de cette solution indiquent un petit nombre de projets-pilotes. Cependant, même les estimations les plus optimistes suggèrent que cette méthode possède très peu de chances de devenir viable à l'échelle industrielle avant 2030. L'intrant requis pour la CSC est toujours indéterminé; de plus, la grande majorité des centrales électriques maintenant projetées un peu partout dans le monde n'est même pas compatible avec la CSC.

Le pétrole et le gaz naturel sont les ressources minérales dont l'épuisement rapide est le plus évident, mais il en existe d'autres qui sont essentielles à nos technologies actuelles et qui seront irremplaçables quand leurs réserves seront épuisées. En mai 2007, le magazine New Scientist, au Royaume-Uni, a entrepris une évaluation de l'état des richesses naturelles de la planète. Le tableau est sombre. Une poignée de géologues, sans doute pour la première fois, étonnamment, ont estimé les coûts des technologies existantes quant aux minéraux utilisés pour leur construction ainsi que les implications de leur disponibilité au monde en développement. Ils ont conclu unanimement que, compte tenu de la tendance courante des populations et des normes émergentes de vie des pays en développement, les demandes exercées sur les ressources minérales irremplaçables de la Terre sont déjà insoutenables à court terme.

Les réserves mondiales de certains minéraux (même si la plupart d'entre nous n'en ont jamais entendu parler), comme l'indium, utilisé pour la fabrication des LCD pour les écrans plats de téléviseur; le tantale, utilisé pour la fabrication des téléphones cellulaires, et l'hafnium, utilisé pour la fabrication des puces électroniques, sont essentielles aux technologies implantées globalement. Pourtant, si leur niveau d'exploitation actuel se maintient, ces réserves seront épuisées d'ici cinq à dix ans. Même les minéraux "communs" comme le zinc, le nickel, le phosphore et le cuivre s'épuiseront du vivant de nos enfants ou de nos petits-enfants.

Au niveau géopolitique, les possibilités de conflit s'accroissent. La Chine investit lourdement dans les mines africaines et achète les déchets de haute technologie pour en extraire les minéraux nécessaires à l'essor de ses industries. La Russie devient de plus en plus agressive dans l'utilisation de sa position dominante en matière de pétrole et de gaz naturel pour appliquer de la pression économique et politique sur les nations qu'elle approvisionne. Les scientifiques qui observent la situation affirment avec insistance qu'une coopération globale est nécessaire d'urgence pour éviter une crise mondiale. Non seulement avons-nous besoin d'une évaluation plus précise des réserves minérales disponibles et d'une vision plus claire de leur usage, mais nous avons aussi et surtout besoin d'un programme de coopération globale pour réduire, recycler et, partout où c'est possible, restaurer l'utilisation des matériaux irremplaçables et non renouvelables.

La maladie et la pollution

Certains ravages infligés à la biosphère n'ont pas eu pour cause des tentatives maladroites de nourrir la population croissante, mais plutôt de le faire au moindre coût sans se soucier des conséquences. Les maladies des récoltes et des animaux ont toujours constitué un défi pour les fermiers et ce, depuis les débuts de l'agriculture au Proche-Orient, il y a dix mille ans. Leurs dangers et les tentatives souvent contreproductives pour les prévenir se sont accrus avec l'avènement de l'agriculture industrielle spécialisée.

La tentative de cultiver productivement des terres marginales et de maintenir la fertilité de sols abusivement exploités a impliqué une énorme augmentation de l'utilisation de pesticides et de fertilisants chimiques qui détruisent l'immunité naturelle de l'écosystème. En outre, les tentatives pour prévenir les maladies dévastatrices et stimuler la croissance du bétail élevé dans d'horribles conditions sur des fermes qui sont de véritables manufactures impliquent l'usage d'énormes quantités d'antibiotiques qui réduisent l'immunité naturelle et la santé des animaux autant que des humains qui les consomment.

Nos océans, nos mers, nos fleuves, nos rivières et nos lacs sont lourdement pollués, avec des zones mortes dénuées de toute prolifération de vie marine. On y a aussi fait une pêche abusive, au point que, si la tendance actuelle se poursuit, les populations de toutes les espèces pêchées commercialement seront disparues en 2050. Par ailleurs, l'acidité croissante de l'eau de mer constitue un danger potentiel encore plus grave. L'accroissement des émissions de carbone partout dans le monde a causé une énorme augmentation de la quantité de carbone dissous dans les océans. Produisant de l'acide carbonique corrosif, cette acidité détruit les écosystèmes océaniques en tuant les récifs de corail et en privant plusieurs créatures marines des produits chimiques dont elles ont besoin pour vivre et croître.

Un autre exemple à noter dans cette litanie de calamités environnementales: la maladie mortelle qui a décimé la population d'abeilles en Amérique et dont la principale cause est peut-être un cocktail de stress environnementaux. Dès l'été 2007, il y avait des rapports, encore non confirmés, selon lesquels se répandait le "désordre d'effondrement de colonies" (CCD - Colony Collapse Disorder). Sans les abeilles pour effectuer la pollinisation des fruits et des légumes, le monde ne peut disposer durablement d'une alimentation saine. Malgré cela, les budgets gouvernementaux consacrés à la recherche sur les abeilles et sur d'autres questions de santé animale ainsi que les indications à suivre pour réguler le bien-être des animaux sont dérisoires.

L'érosion des sols

Enfin, nous devons réaliser que les sols qui, sur notre planète, forment la base de la vie fondée sur l'agriculture sont en voie de disparition.

Au milieu de la Grande Dépression des années trente, l'expert Walter Loudermilk fut envoyé par le ministère de l'Agriculture des États-Unis sur des terres qui avaient été cultivées pendant des millénaires, afin de voir comment les civilisations précédentes avaient composé avec l'érosion du sol. En Syrie, un pays qui avait été très fertile jusqu'au septième siècle avant J.-C., les anciennes constructions qui autrefois étaient entourées par une végétation abondante se trouvaient maintenant sur un terrain rocheux désertique. À la suite des invasions des pays avoisinants, les pratiques de conservation qui avaient soutenu ces terres durant plusieurs siècles ont été abandonnées et le sol a été détruit. Même si les populations dispersées étaient revenues, elles n'auraient plus rien trouvé.

En étudiant les raisons du déclin souvent catastrophique des sociétés anciennes, les historiens ne cessent de découvrir des preuves d'érosion et de l'incapacité de fournir une nourriture suffisante. Aujourd'hui, l'appauvrissement et l'érosion accélérés des sols constituent une menace majeure. Contrairement aux époques passées, il n'existe aucune nouvelle terre où les populations pourraient migrer. Le danger, c'est que toute la famille humaine ne puisse plus se nourrir durablement.

Selon les scientifiques de l'Institut international de recherche sur la politique alimentaire, près de 40 % des terres d'agriculture de la planète sont sérieusement dégradées. On estime que les sols sont détruits des milliers de fois plus rapidement qu'ils ne se régénèrent. L'accroissement des populations, joint à la déforestation, au pâturage excessif, à l'usage accru des pesticides, à la réduction de la biodiversité et à l'expansion de l'agriculture à des terres auparavant marginales, crée des zones semi-désertiques et des zones mortes en nombre sans précédent partout sur la planète.

Les ravages de la pollution, la destruction des écosystèmes et le pillage des ressources naturelles sont dus à une conception ignorante et erronée de nous-mêmes, selon laquelle nous serions séparés de la Nature et supérieurs à elle. Il y a maintenant 6,7 milliards de personnes sur la Terre, c'est-à-dire plus de deux fois et demie le nombre d'il y a cinquante ans. Malgré un ralentissement du taux de croissance, on estime que la population globale atteindra neuf milliards en 2050. C'est là un défi majeur car si tout le monde avait le même niveau de vie que les Américains et les Européens de l'Ouest, nous aurions besoin d'une douzaine de Terres pour subvenir aux besoins de tous.

Alors que nous avons détruit inconsidérément les écosystèmes de la planète, c'est finalement nos propres réserves de nourriture qui sont au bord du désastre. La biosphère survivrait très probablement à un point de bascule, mais peut-être pas l'humanité.

Effondrement ou avancement

Nous nous trouvons maintenant au seuil d'un effondrement global ou d'un avancement collectif. Pour accomplir une transformation véritable, nous devons nous unir et redéfinir nos relations avec la Nature.

Au cours du dernier demi-siècle, nos populations urbaines, beaucoup plus nombreuses qu'auparavant, se sont progressivement détachées des animaux et des plantes, qui partagent la planète avec nous. Aux États-Unis et au Royaume-Uni, par exemple, adultes et enfants passent beaucoup moins de temps à l'extérieur que ne le faisaient leurs parents et leurs grands-parents, et ils ont donc beaucoup moins de contacts avec le monde de la nature. Les sondages révèlent que l'actuelle génération d'écoliers non seulement ne sait pas d'où provient la nourriture qu'ils mangent ni ce qu'elle contient, mais certains ne savent même pas que le lait vient des vaches et que les œufs viennent des poules.

Lorsque nous nous coupons de notre environnement, comme le dit la psychologue Chellis Glendenning, "nous n'avons plus de foyer, isolés du seul que nous aurons jamais". Nous pourrions cependant nous reconnecter à la Nature de plusieurs façons, soit en passant simplement plus de temps à l'extérieur, en créant un habitat de vie sauvage dans notre jardin, en cultivant nos propres légumes ou en mangeant des aliments saisonniers cultivés localement et en tenant compte des phases de la Lune. Nous pouvons aussi redécouvrir et comprendre notre profonde relation énergétique avec la biosphère. On s'aperçoit maintenant que de puissantes résonances jusqu'ici inconnues de la science ou déclarées sans importance sont réelles et vitales pour notre bien-être. Nous comprenons de plus en plus comment nos biorythmes personnels sont intimement en résonance non seulement avec les cycles et les saisons terrestres, mais aussi avec le Soleil, la Lune et le Cosmos en général.

À la suite du travail innovateur du biologiste Frank Brown qui, dans les années cinquante, a découvert les connexions énergétiques entre les organismes vivants et l'environnement, il existe maintenant un énorme dossier de preuves de la sensitivité inhérente des animaux et des plantes à l'énergie géomagnétique et à d'autres énergies rayonnantes.

Grâce à un patient travail échelonné sur plusieurs années et dont la plus grande partie a été accomplie par Brown lui-même, on sait maintenant que les effets du flux et du reflux du champ géomagnétique de la planète, synchronisés avec la durée des jours lunaires et solaires, influent sur le sens du positionnement et de la navigation de diverses espèces sur la surface terrestre, tout autant que les biorythmes qui régulent le bien-être des plantes, des escargots, des huîtres, des souris et des êtres humains.

On a prouvé que, chez les humains, le fait d'être isolé de ces influences cause des maladies psychologiques, émotionnelles et physiques. La recherche des quelques dernières décennies a démontré que notre cerveau et notre corps se comportent comme des diapasons biologiques en résonance avec les énergies environnementales. Des parties de notre cerveau sont extrêmement sensibles à ces champs et, par cette résonance, la basse intensité des énergies s'accroît pour causer des effets biologiques. En 1980, on a découvert que des changements cycliques survenant dans le champ magnétique de la Terre affectaient la glande pinéale, qui est responsable de la production hormonale dans tout notre corps, influençant notre humeur, notre sexualité et notre niveau de stress. Mais ce qui est peut-être la plus profonde et pourtant la moins bien comprise de ces interactions se produit par la médiation de fréquence extrêmement basse; il s'agit de l'énergie appelée ELF (Extremely Low Frequenry), qui est équivalente aux longueurs d'onde des ondes du cerveau humain.

À l'Institut Max Planck, en Allemagne, Rutger Wever a pu identifier expérimentalement à l'intérieur de la fréquence ELF le rôle crucial joué par des champs électriques de 10Hz (cycles par seconde) dans la régulation des biorythmes. Une autre influence environnementale, appelée la résonance de Schumann, est causée par les décharges électriques qui font rebondir des énergies entre la haute atmosphère et la surface de la Terre à une fréquence fondamentale d'environ 8 Hz. Cette corrélation entre la résonance énergétique de la planète et les organismes biologiques a conduit à l'hypothèse de la résonance planétaire, selon laquelle les composantes primordiales de la vie sont vitalisées au moyen des harmoniques énergétiques de la Terre, du Soleil et de la Lune, et harmonisées avec elles.

On a découvert une résonance cosmique encore plus énigmatique par les tests du ganzfeld. Au cours de ces expériences, comme nous l'avons vu plus haut, la réduction du niveau de l'intrant environnemental sensitif permet aux volontaires d'être conscients de leurs perceptions non locales. En 1977, S. James Spottiswoode et Edwin May, du laboratoire de sciences cognitives de Palo Alto, en Californie, furent les premiers à démontrer que le niveau de succès de ces expériences augmente significativement quand elles ont lieu entre 11,9 et 13,9 heures du temps sidéral local (TSL), avec un sommet à 12,9 heures. (Le temps sidéral est une mesure du temps relativement aux étoiles.) Le moment de ce sommet de sensitivité aligne les volontaires sur la Terre et sur le centre de la galaxie.

Alors que nous prenons conscience de la profonde harmonisation existant entre nous-mêmes et notre environnement, quelques chercheurs, comme William Tiller, découvrent dans quelle mesure nous pouvons l'influencer activement à un niveau non local. Nous avons déjà examiné notre capacité d'influence à ce niveau, comme celle d'autres organismes vivants, mais Tiller a passé plusieurs années à imprégner - ou, comme il le dit lui-même, à conditionner - l'espace avec des intentions spécifiques. Lui et ses collaborateurs, tous des méditants expérimentés, ont pu, par leur focalisation cohérente collective, enchâsser des intentions spécifiques dans de simples dispositifs électroniques. Ils ont ensuite utilisé ces dispositifs imprégnés distribués à un certain nombre de laboratoires américains et, plus tard, britanniques et italiens - pour conditionner l'espace des laboratoires et influencer ainsi le résultat des expériences. Sur un certain nombre d'années, ils ont réussi à imprimer l'intention d'augmenter ou de diminuer l'acidité de l'eau purifiée, au-dessus ou en dessous du niveau prédit précédemment. Pour d'autres tests, ils ont imprimé l'intention d'altérer la vitesse de développement de larves de la mouche du fruit. Dans chaque cas et en plusieurs expériences, le même résultat fut reproduit, avec des variations significatives de la norme, toujours dans la direction de l'intention donnée.

Dans notre ignorance, nous avons vu la Nature à travers la lentille matérialiste et mécaniste d'une vision du monde qui non seulement nous permettait de le "conquérir" et de le "contrôler", mais nous encourageait activement à le faire afin de démontrer notre supériorité. Nous nous sommes embarqués dans le "développement" tel que défini par le matérialisme et la consommation accrue, et nous avons fermé les yeux sur ses effets pervers. Ce faisant, nous avons conduit au bord du désastre toute la vie terrestre, y compris la nôtre.

Ervin Laszlo et Jude Currivan
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